lundi 3 mars 2014

12-14/02: TREK KALAW-INLE: No map, no signs, no GPS, no guides. Lost for 3 days in the Shan montagnes, with 3 mounths expired fucking old chinese knackies.




Depart furtif de Kalaw




La Dague

Le moment ou on a decide de "couper tout droit"




Premier abris



Jour 1 


Apres quelques courses a Kalaw, ou nous faisons l acquisition d une natte, une couverture, et le "plein de provisions" (4 portions de riz et des knackies chinoises), nous quittons discretement la ville, comme des fugitifs, ne repondant pas aux "My friend, where you go?". Nous marchons un peu au Sud, puis piquons plein Est (voir la carte en bas de page), dans la montagne. Nous traversons une foret de pins. Nous n avons pas de carte, pas de guide, pas GPS, juste la Boussole, ma fiere amie, qui m a deja sorti de pas mal de situations galeres, notamment au Cambodge. 

Quelques heures apres avoir quitte la ville, a peu pres au niveau d un col, nous appercevons a notre gauche, au nord, une espece de complexe, qui nous a tout l air d etre une base militaire (un temoignage d un type ayant tente le treck sans guide comme nous trouve sur internet raconte comment il est tombe, manque de bol, sur une base a quelques km de Kalaw!). Sur notre droite, de la musique, et des paysans qui approchent. Nous sommes au debut de l aventure, et avons un peu peur de nous faire ramener a Kalaw, pas par "denonciation", mais plutot par "exces de bienveillance", les villageois ne sachant pas quoi faire pour nous aider, demandant conseil au flic du coin, comme ca m est arrive avec Maiti au Cambodge. Accules, nous decidons alors de nous en remettre completement a la boussole, et de "couper tout droit", ce qui signifie devaler le flanc de la montagne a la verticale en se frayant un chemin dans la brousse avec la Dague. Arrives en bas, nous trouvons que finalement c est assez marrant de couper a travers champs, et continuons l experience sur les prochaines montagnes a la suite, plein est toute, sans se preocuper des sentiers! 

Nous campons le premier soir a l abris relatif d une petite cabane dans la montagne. Agreable surprise de constater que les "knackies", ne sont en pas en fait des saucisses, mais des especes de melange de viandes molles, retenues par un plastique. Le tout perime depuis novembre 2013, hum! Ca sera notre unique repas, avec les sachets de riz, pour les prochains jours! S il fait chaud dans la journee, le soir, la temperature chute, et avoisine les 5 degres. Je sors la couverture de survie au milieu de la nuit. 




Bob Dylan au reveil


Couper a travers champs.







Plein d eau et de Giardia duodenalis dans des petits villages Shan isoles.


Premiere traversee de riviere.

Rizieres assechees.




La gorge que nous avons devalee (je suis en bas!).


Camping au bord du ravin, veilles par la pleine lune. 



Jour 2:


Nous avons peu dormi a cause du froid. Devant nous, au travers de la brume qui se dissipe, apparaissent des plaines et des collines, un paysage valonne tres different des montagnes de pins du premier jour. 

Nous decidons de continuer a couper a travers champs. Chaque plaine nous prend environ 1 a 2h de traversee, jusqu a un nouveau col. De la haut, nous prenons le temps d analyser le nouveau paysage s offrant a nous, un "nouveau monde", et de choisir au loin un col a viser qui nous semble abordable. 

Rizieres assechees, des paysans en train de travailler qui nous font des coucous, des buffles pas cools qui hument l air agressivement a notre arrivee, quelques temples et stupas deserts. A midi, on considere que nous somme suffisament loins de Kalaw pour nous aventurer dans les villages, sans prendre le risque de se faire reconduire a l ouest. Nous nous rationnnons en eau au fond du puis, avec quelques pastilles micropurs. Les habitants ont l air ravis de nous voir, nous devisagent d abord, puis se rassemblent a leur fenetre pour nous regarder puiser l eau, et faire des coucous de la main. Ils n ont pas l air de croiser souvent des touristes ici! Bon signe! Nous ne croiserons aujourd hui, ni le le lendemain d ailleurs, aucun touriste ou autre guide. Great!

Premiere difficulte, une riviere, qui ne semble pas avoir de pont. On decide de la traverser pieds nus, a l Est, toujours a l Est. En fin d apres-midi, ca commence reellement a se compliquer. A force de ne pas suivre les sentiers et de couper a travers champs, nous nous retrouvons face a une gorge beante, d au moins 10 m de profondeur. Impossible de la contourner, elle s etend au nord et au sud indefiniment! Il commence a etre tard, et aucun de nous n avons envie de rebrousser chemin. Nous trouvons alors un endroit ou la pente est un peu moins raide, et surtout, pleine de sable rouge, ce qui nous permet de deraper. Je descends le premier, et Julien m envoie les sacs. Manque de chance, nous oublions d enlever la bouteille d eau, attachee a mon backpack! Cette derniere s explose au sol. J essaie de sauver ce qu il  nous reste, mais je ne peux preserver qu un petit fond d eau, pour deux personnes, la soiree et la matinee du lendemain. Julien me rejoins ensuite dans le gouffre. 

On se dit en premier lieu qu on pourrrait dormir dans le fond, que cela nous protegerait sans doute du vent. Cependant, au fur et a mesure que la nuit tombe, on commence a se sentir de plus en plus oppresses par cet endroit des plus sinistres, avec les multiples failles laterales s engouffrant etroitement en de sinueuses travees dans la roche, menacant boyaux borgnes et obscurs. A la tombee de la nuit, on decide de reprendre la route: il nous semblait avoir entrapercu au loin un monastere. Lampes frontales ajustees, nous trouvons heureusement un moyen facile de remonter le ravin de l autre cote. Nous marchons 10 min a peine dans la nuit, quand nous nous retrouvons face a un nouveau gouffre!!! On decide alors de laisser tomber, que la pour le coup de nuit ca devient vraiment trop dangereux d essayer de le contourner. Nous instalons la natte au bord du ravin, en signe de victoire, et nous endormons sous le ciel etoile, eclaire de plein phare par la pleine lune.




Reveil au bord du gouffre.

De l eau!!



Seconde riviere.

La 6e poupee Deserter 5!






La Terre du Milieu.

Shan.


VICTOIRE!

Le Lac Inle se decoupe au fond.



Jour 3:

Toute la nuit, j ai reve de bouteilles d eau. Nous sommes rationnes a une gorgee le soir, une le matin. On ne mange presque pas: une knackie ou deux par repas, tellement cette bouffe chinoise est immonde, et nous n arrivons pas a faire comprendre aux habitants que nous aimerions leur acheter de la nourriture. On dort a peine a cause du froid, mais aucun de nous deux n est fatigue: tout se fait a l adrenaline! 

Nous partons tot ce matin, a la recherche d un peu d eau. Nous trouvons heureusement, sauves, des jarres sur le bord de la route. Les deux premieres sont vides, mais la troisieme, whouhou! est pleine! Nous reprenons la marche, ragaillardis. La route est compliquee: pendant toute la matinee, des crevasses, contournables plus ou moins facilement cette fois, nous obstruent le passage plein est. Il n y a pas de sentiers la ou nous avancons. Au loin, de hautes montagnes se decoupent. Je me dis qu on est bon pour une nouvelle nuit la dedans! 

Une seconde riviere sans pont nous bloque le passage. On enleve nos chaussures, et on repart en equilibristes avec nos 15kg sur le dos. De l autre cote, rien, pas de passage. La Vigne part quand meme a l escalade de la brousse, ou je suis un peu sceptique, mais il arrive finalement a un point de vue, et degage au loin des champs et des villages par lesquels on pourrait passer. Traversee difficile, jusqu a un temple, ou des petites mamies shan nous regardent toutes surprises. Peu d etrangers doivent passer par ici! On analyse longuement la chaine, a la recherche d un col accessible, et nous finissons par nous decider par un passage, assez loin au sud-est, qui nous parait accessible. Dur de viser! 

Nous traversons de nombreux villages, ou les gens se massent a leur porte pour nous regarder passer en souriant. Quelques nouvelles coupes a travers champs pour nous rapprocher de la chaine, et nous arrivons comme par magie exactement face au col choisi. On fait la course avec un petit groupe de 4 mamies Shan trop mignonnes, qui nous disent des trucs incomprehensibles pour nous en rigolant. Nous traversons le col. On aimerait croire que le lac est derriere, mais on n ose pas... Soudain, au detour d un sentier, un point de vue. Et non, on ne reve pas, la au loin, c est du bleu, non? Cette grande etendue plate!! On a reussi! Le Lac Inle est devant nous!!!!



Detail de notre expedition. Un bon sud-est en sommes!




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